Symbole du Mouvement du Nouveau Sénégal

Pôle économique de Diourbel

AGRICULTURE

Introduction

La campagne agricole de 2010/2011, troisième année consécutive de la mise en œuvre de la GOANA, est principalement caractérisée par la syndicalisation des producteurs à travers le Syndicat SYNEAP JAPANDOO. La participation des paysans aux différentes phases préparatoires de la campagne agricole (distribution et supervision des cessions d’intrants) constitue sans aucun doute, un exploit dans le processus de leur responsabilisation.

Toutefois, contrairement aux deux années précédentes, les réalisations de la présente campagne se révèlent moins satisfaisantes du fait de la baisse des productions imputable à la distribution tardive des semences et engrais mais aussi à la mauvaise répartition des pluies.

Dans ce chapitre, nous présenterons de façon succincte les différentes étapes de cette campagne agricole. L’accent sera particulièrement mis sur la pluviométrie, sur la mise en place des intrants, sur les rendements et sur les productions.

III.1. PLUVIOMETRIE

L’hivernage de 2008 a été exceptionnel dans la région de Diourbel avec une pluviométrie régulière et abondante de 596,4 mm en moyenne. En 2010, cette pluviométrie affiche une quantité de 521,6 mm, soit un taux de 112,2% en se référant à la normale de 465 mm de la période 1971 à 2000. Néanmoins, comparé à 2009, elle a diminué de 42,3 mm en valeur absolue et de 7,5% en valeur relative, conséquence d’une mauvaise répartition spatiale et temporelle des pluies (survenance de pauses pluviométriques). Seuls les postes de Lambaye, du CNRA de Bambey, de Diourbel, de Ndoulo, et de Kael ont enregistré une variation positive, tous les autres sont négatifs. Notons que la quantité maximale de pluies a été observée au CNRA de Bambey avec 628.9 mm contre un minimum de 379,3 mm à Ndindy.

Evolution de la pluviométrie par poste de 2007 à 2010
Evolution de la pluviométrie (en mm) par poste de 2007 à 2010

III.2. SITUATION PHYTOSANITAIRE

Durant l’hivernage de 2010, la situation phytosanitaire a été relativement calme, malgré la signalisation du parasitisme dans la région. En, effet, quelques attaques d’amsacta sur le niébé et de sautereaux sur l’arachide et les jachères ont été observées. A cela, s’ajoute l’apparition de chenilles à faible densité (ennemis post récolte) sur les cultures et les Wang. Des maladies telles que le mildiou et l’ergot ont également été constatées sur le mil.

Pour bien contrôler ces ravageurs, des Unités de Protection des Végétaux (UPV) ont été déployées sur le terrain et des opérations de lutte intégrée ont été conduites avec l’usage de produits phytosanitaires tels que :

  • 4,2550 tonnes propoxur 2 % (poudre) ;
  • 1600 litres Dursban 240 UL ;
  • 100 litres de FENICL 50 CE ;
  • 700 sacs poudreux ;
  • 16 atomiseurs ;
  • 32 pulvérisateurs ;
  • 16 kits de protection (16 combinaisons, 16 masques, 16 gants).

III.3. MISE EN PLACE DES INTRANTS

Le Gouvernement du Sénégal, dans sa stratégie d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, a décidé de subventionner massivement les intrants agricoles. Ainsi, des semences et des engrais sont mis à la disposition des paysans dès le début de l’hivernage à des prix subventionnés. Toutefois, pour l’hivernage de 2010, les opérations de distribution des semences, intrants et matériels agricoles ont accusé une sérieuse lenteur.

En effet, concernant les semences d’arachides, 5039.95 tonnes sur 5040 tonnes prévues, ont été mises en place et vendues. S’agissant particulièrement des semences GOANA, les quantités placées et vendues sont de 445 tonnes pour le mil, 14 tonnes pour le Sorgho et 350 tonnes pour le niébé.

Mise en place des semences

Quant aux engrais, nous n’avons pas les données en ce qui concerne les mises en place. Les taux de mises en place tournent autour de 95 % pour l’arachide, le mil et l’urée avec un taux de cession de plus de 50 %. Seul le bio fertilisant affiche un taux de mise en place de 60.5 % et un taux de cession de 17.13%.

Enfin pour le programme manioc, seulement 200ha ont été pourvues en bouture sur le quota de 850 Ha prévues.

Mise en place des engrais

III.4. SUPERFICIES

En se référant aux données provisoires de 2010, les superficies cultivées ont globalement fortement diminué passant de 362936 ha pour la campagne agricole de 2009/2010 à 240144 ha pour celle de 2010/2011, soit une baisse de 33,83 %. Seul le bissap a connu une augmentation considérable de sa superficie emblavée de 123,34 %. Toutes les autres spéculations ont subi une baisse de leurs emblavures. Cette baisse ressort à 32,67 % pour les cultures céréalières et est plus prononcée pour le sorgho (62,52 %) et le mais (56,07%). Pour les autres spéculations, nous observons une réduction des emblavures de plus de 60 %, sauf pour l’arachide d’huilerie qui est en repli de 24%. La baisse constatée pour le gombo est imputable à la non prise en compte des données dans les départements de Diourbel et Mbacké, alors que celles observées pour le manioc et le niébé sont dues au retard des mises en place. Quant à la culture du sésame, aucune superficie ne lui a été allouée en 2010 dans toute la région.

Evolution des emblavures (en ha) de 2007 à 2010
Evolution des emblavures (en Ha)  des céréales de 2007 à 2010

III.5. RENDEMENTS

Les rendements dépendent principalement de la qualité des intrants, de la pluviométrie et des techniques culturales utilisées. Selon les données provisoires de l’année 2010, on note une diminution des rendements au niveau des céréales (sauf pour le mais dont le rendement est en augmentation de 8.67%), des arachides d’huilerie et du niébé. Cette baisse est due aux attaques d’amsacta sur le niébé, aux sautere sur l’arachide et aux maladies telles que le mildiou et l’ergot sur le mil. Quant à la pastèque et au manioc, ils voient leurs rendements s’améliorer. Enfin, le bissap et le gombo se stagnent respectivement à 250 Kg/Ha et 10 000 Kg/Ha comme en 2009.

Evolution des rendements (en kg/ha) de 2007/2008 à 2010/2011

III.6. PRODUCTIONS AGRICOLES

D’après les données provisoires de 2010, la production du bissap a enregistré une forte progression de 123,34 % par rapport à 2009/2010. Cette amélioration significative est consécutive à la mise en œuvre du programme bissap qui a conduit à plus d’un doublement de ses emblavures. Le bissap est la seule spéculation à voir ses productions augmenter, celles de toutes les autres spéculations ont largement diminué. La baisse observée pour la production céréalière atteint 37,36 % de la production précédente et est plus accentuée pour le sorgho (65.02%) et le maïs (52,22%). Pour les autres spéculations, ce repli dépasse 60%, hormis les arachides d’huilerie qui s’étiolent de 27,45 %. Ces fortes baisses sont imputables à la mauvaise répartition pluviométrique et au retard dans la mise en place des intrants.

Evolution de la production agricole (en tonnes) de 2007/2008 à 2010/2011
Evolution de la production céréalière (en tonnes) de 2007/2008 à 2010/2011

III.7. CAMPAGNE DE COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE

Dans le cadre de la commercialisation de l’arachide dans la région de Diourbel, les industries (SUNEOR et CAIT) ont été choisies et agréées avec des objectifs de collecte. Ces industries ont mis en place des points de vente en collaboration avec le CNIA et les opérateurs. Ainsi, plus d’une centaine de points ont été agréés. La situation de la répartition des points de collecte suivant les industriels est la suivante :

Situation des collectes au niveau de la SUNEOR à la date du 08 mars 2011

A noter que nous ne disposons que des données de la SUNEOR sur les réceptions. Nous signalons que la plupart des points de collecte ne fonctionnent pas, faute de financement. Il faut aussi noter que selon la DRDR de Diourbel, le CAIT refuse de fournir ces statistiques.

III.8. ATOUTS ET FAIBLESSES

ATOUTS

Durant cette campagne, les atouts suivants ont été notés :

  • - faible pression parasitaire ;
  • - présence des programmes de multiplication ;
  • - présence de l’ancar qui accompagne les producteurs et leurs op ;
  • - présence du syndicat japandoo et des op ;
  • - distribution des intrants par le syndicat ;
  • - subvention commercialisation ;
  • - libéralisation de la filière arachidière ;
  • - engouement de la goana ;
  • - intrants subventionnés (semences et engrais).

DIFFICULTES ET FAIBLESSES

Durant cette campagne, les difficultés et faiblesses suivantes ont été recensées :

  • - la pauvreté des sols de la région ;
  • - la mauvaise répartition pluviométrique ;
  • - le détournement d’objectifs sur les intrants ;
  • - la non mise en place d’engrais pour les programmes de multiplication ;
  • - le retard dans la mise en place du niébé ;
  • - le non conditionnement des semences goana ;
  • - la non présence des car dans certaines localités ;
  • - la forte présence du striga ;
  • - le retard dans la mise en place des boutures de manioc ;
  • - le retard dans le financement de la campagne de commercialisation ;
  • - l’insuffisance des moyens logistiques, entraînant des retards dans les statistiques et des difficultés pour le suivi ;
  • - la forte présence des termites sur le manioc ;
  • - la méconnaissance de la population de certains programmes ;
  • - la méconnaissance de la population du bio fertilisant ;
  • - la non mise en place de l’engrais manioc ;
  • - l’enherbement des parcelles.

III.9. PERSPECTIVES

Les prévisions sont basées sur le cadre stratégique décennal du Ministère de l’Agriculture.

Prévisions des superficies, rendements et productions des spéculations

Conclusion

La campagne agricole de 2010/2011 s’avère moins satisfaisante, contrairement aux deux premières années de la GOANA. En effet, selon les résultats provisoires de la DRDR, les productions et les emblavures de presque toutes les spéculations ont fortement diminué par rapport à la campagne précédente. Cette baisse est la conséquence d’une mauvaise répartition des pluies et du retard de la mise en place des intrants. En guise de recommandations, les mesures suivantes doivent être prises :

  • renforcer la subvention ;
  • pérenniser la mise en place à temps des intrants (semence et engrais) ;
  • augmenter le quota en engrais mil car, le mil est la principale spéculation de la région ;
  • responsabiliser davantage le niveau régional pour la coordination et la planification des interventions ;
  • promouvoir l’approche chaine de valeur ;
  • renforcer les producteurs au plan technique, organisationnel et surtout en matériel agricole ;
  • sensibiliser les producteurs sur l’intérêt de l’utilisation des semences certifiées, les réserves personnelles, les programmes et la diversification des cultures ;
  • prévoir des mesures d’accompagnement, pour le suivi des acti vités des projets et programmes spéciaux.